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rencontrer

14 juillet, journée off.

Ce matin, 9h, du bleu et du rouge se devinent à travers le verre opaque de la porte d'entrée et des voix d'hommes traversent les murs. Non, ne croyez pas que je sois à quelques défilés du 14 juillet que ce soit. Non, dans mon village, pas de fête si tôt le matin.

Mais alors que se passe-t-il dans cette rue si peu animée d'ordinaire. Ma curiosité me pousse à ouvrir les volets de l'étage pour découvrir une roulotte bleu et rouge stationnée de l'autre coté de la rue et quelques hommes qui discutent.Les chevaux de traits sont à l'arrêt.

Quelques minutes plus tard, je serre des mains dont celles du curieux voyageur en roulotte. Un homme d'une cinquantaine d'années passées qui vient du village d'à coté. Mais pas que, cela fait 9 ans qu'il est parti de chez lui. Enfin, non que dis-je? Cela fait neuf ans qu'il est parti avec son chez lui!!

Une roulotte, deux chevaux, deux chiens, de la couleur, des panneaux solaires, une poule, ses yeux qui pétillent, et beaucoup d'intelligence qu'on devine, voilà le confort de cet homme. Très curieuse de tous ces êtres qui un jour décident de partir, de découvrir le monde à leur façon, d'Alexandra David Neel à Michel Peissel, de Nicolas Bouvier à Sylvain Tesson et bien d'autres encore, je suis toute ouïe devant cet homme qui voyage léger et s'adapte à une vie de bohème. A la question, "Pendant toutes ces années, y a-t-il quelque chose, à un moment donné, qui vous a manqué?" "Rien" me répond-il. "J'ai eu parfois trop!"

Un jour, après avoir eu plusieurs expériences professionnelles différentes et qui ont eu beaucoup de succès, il décide de faire ce qu'il a dit un jour à sa mère : vivre et voyager comme sa grand-mère en roulotte! Il vend tout, sa société, sa maison, fait les plans de sa roulotte, confie la construction et part un jour sans savoir où il allait s'arrêter le soir pour dormir.

15 000km plus loin, quelques pays traversés, de belles rencontres, quelques haltes plus longues durant les saisons d'hiver, quelques transferts de savoir avec les gens qu'il croise sur sa route, il nous offre le récit très raccourci de sa vie. C'est un peu comme des Matriochkas, sa vie. Il en a eu plusieurs.

Au delà de cette hérédité qu'il a reçu de ses grands-parents, on devine un homme sage à l'intérieur, avec un sens profond de ce qu'est la Vie, de ce dont il a besoin et pas plus, de cette capacité avant-gardiste à s'éloigner de cette société de consommation qui nous grignote petit à petit, pour aller vers une vie de découvertes, d'échanges, de plaisirs et non de contraintes.

Ce fut une belle rencontre, qui augure un excellent WE.

Les rencontres sont importantes pour moi en ce moment. Je rencontre des gens très différents mais toutes ces rencontres ont un rôle important. Parfois la rencontre est fortuite. Une ancienne collègue qui me parle de machines à coudre qu'elle a dans son atelier, et que je peux venir voir quand je veux, de cet homme, Yann, qui lors d'un atelier me dit "toi tu dois juste faire sortir ce qu'il y a à l'intérieur", de cette coiffeuse, Julie, qui sera peut-être le lien avec un atelier prochainement, de Catherine qui me connait mieux certainement que quiconque même si nous ne partageons que des moments en face à face, de mon réflexo qui déclencha tellement de changement.

Et parfois, on met du temps à rencontrer les gens que l'on cotoye régulièrement. Il faut un événement, du temps, une occasion particulière ou un point clé à un moment T pour rencontrer réellement quelqu'un. J'ai rencontré mon patron après avoir travaillé 10 ans dans sa boîte, après avoir demandé à être licenciée, après avoir été licenciée et je l'ai réellement rencontré qu'au moment où j'ai eu l'occasion de lui dire honnêtement les choses. Parce que ma sincérité dans mes propos rencontrait son écoute. Car pour une rencontre, il faut être deux dans la même volonté de rencontrer l'autre. Et parfois celle-ci ne se fait pas parce que l'attention et l'intention n'est pas la même, il n'y a pas d'espace de partage.

Ce matin, je fis une belle rencontre et même si elle n'a duré que quelques dizaines de minutes, elle vaut beaucoup d'autres.

Alors bonne route Thierry, j'espère que mes confitures feront sourire tes papilles là-bas ou ailleurs.


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