top of page

revenir avant ou là-bas, doucement

On dit souvent qu'il y a des caps dans la vie.


Des moments où le rythme est connu et reconnu, où il est doux dans sa routine, dans son confort, pas dans le sens où il ne se passe rien, non, plutôt dans le sens où le sol est sûr.

Et puis il y a des périodes où les sables mouvants rendent le mouvement chaotique, la démarche hésitante, ne sachant pas bien où le prochain pas nous mènera, vers le fond ou vers l'avant.


Il y a des moments où je ne contrôle pas bien mon état, une espèce de profonde tristesse m'envahit. Lourde. Sourde. Je pensais au début que ce n'était qu'un petit passage à vide, le cap d'un âge, que cet inconfort dans le manque de réponses aux questions allait vite repartir, s'évaporer pour me remettre dans l'énergie non pensante. Mais je me rend compte que ce cap fait maintenant partie de moi et que ce que l'on ressent, c'est comme une brique de Lego que l'on rajoute à l'édifice. Ce n'est pas un truc qui passe et qui ne laisse pas de trace. Cela fait partie de notre propre histoire, que ce soit une petite émotion ou une grande, tout a un impact.

L'autre jour, je ne suis pas dans une belle journée à l'intérieur, d'ailleurs il pleut à l'extérieur aussi.

Alors dans ces moments là, je commence par me secouer un peu et même parfois beaucoup, ce jour-là je pars pour une marche de pleine conscience dans un magnifique parc sous une pluie fine. Je sais qu'à l'intérieur la pluie frappe à la porte, mais je refuse d'ouvrir. Difficile de se concentrer sur les couleurs de l'Automne qui s'offrent à nous, la sensation d'humidité sur les joues et les odeurs d'humus, mais les exercices que nous faisons me font du bien. Et puis notre guide s'arrête et nous parle d'un arbre écorché vif par l'humain mais magnifique dans sa souffrance. OH là là, la pluie redouble et les gonds vont bientôt lâcher. Ils attendront d'être à l'abri du vent et des regards pour doucement ouvrir les vannes. A ce moment là, je suis tout à fait consciente de ce qui se passe, c'est comme si, je vis intensément cette douleur et cette tristesse et que en même temps je suis spectatrice de ce que je sais n'être que passager. Conflit intérieur. Et cette petite crainte du "qui va gagner" entre l'acteur et le spectateur.

Alors je me cache un peu plus ces jours-là, des regards de mes proches surtout. Comment expliquer cet état quand on commence tout juste à l'accepter et que l'on ne le comprends pas encore très bien? Aucun besoin de compassion, juste de la bienveillance sur ce que je vis au moment où cela arrive, ne pas se juger trop sévèrement. C'est là et c'est tout.

Compliqué parfois car on aurait juste envie de tout envoyer balader, d'accuser les autres, de chercher le conflit pour avoir quelque chose à combattre ou à défendre mais tout se passe dans le même huit clos, ce petit bout d'être de rien du tout dans cette immensité. Un bout d'être de rien du tout qui revendique sa place. La place qui est sienne, avec souvent l'impression d'être à coté des choses, pas au bon endroit, pas à la bonne place. Répondre à cette question est peut-être juste se dire que sa place est celle ou l'on est, c'est tout, mais facile à dire....

Bon, je ne veux pas plomber l'ambiance, il n'y a rien de grave là-dedans, juste de l'inconfort et parfois quelques pointes de douleur. Maintenant cela fait 2 ans que je monte et je descends plus ou moins rapidement selon la pente, le temps et la nature du sol. Et cela a l'avantage de se sentir vivant, pleinement vivant, beaucoup de choses prennent un sens et l'on devient plus attentifs aux émotions, aux réactions des autres, aux humeurs.


La dépression est une chose qui peut avoir aussi ses avantages, l'esprit déploie de nouvelles armes et outils pour apprécier encore plus les bons (petits) moments. La conscience est décuplée.


Je vous souhaite une très belle journée.


Recent Posts
Archive
tags
Pas encore de mots-clés.
Follow Me
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page