le verso

Un matin, le soleil inonde de lumière la cuisine, le thé est fumant, le panetone est délicieux.

Tranquille. Une belle journée qui commence.

Mon loulou descend du haut de ses 7 ans, les yeux encore clos de son sommeil. Il avance à tâtons, le visage perdu dans le doudou. Il ose un premier regard.

"Ah mais y'a trop de soleil!" "j'arrive pas à regarder" " mais faut fermer!"

"Bonjour" je lui réponds

"Mmm"

"Mais moi je peux pas regarder" "mais tu fais chauffer mon lait!"

ma bonne humeur s'esquive à pas de loup devant ces paroles désagréables, ce ton plaintif, mes "chouineries".

"Ecoute, je crois que tu devrais remonter dans ton lit, je souhaite prendre mon petit déjeuner avec sérénité et le soleil"

"mais, le soleil, il me gène!"

"Tu montes!"

le ton est franc, sec. La colère a pris la place laissée vacante.

Le petit loulou l'a bien compris, pas de possibilité de tergiverser, négocier ou essayer quelques chantages.

Mon thé a un goût amer de journée mal entamée, le soleil ne me réchauffe plus, un truc à l'intérieur me gène, oublié derrière elle par la colère. Un truc inconfortable. une rancœur. un regret.

Le thé bu, je monte et ouvre sa porte de chambre. Il s'est recouché dans le noir. "non, je veux pas te voir" me dit-il.

Je rentre et m'assoir sur son lit.

Et je lui dit : "je te demande pardon".

Son regard, son visage, son expression resteront gravés dans ma mémoire longtemps. Surpris, il hésite entre sourire et froncer les sourcils. J'adore, je kiffe complètement ce moment. A h non il ne s'attendait pas à ça.

Et je continue " et j'aimerais bien un câlin"

Alors là, encore un peu rancunier mais pas trop quand même car je viens de lui demander pardon alors qu'en petit garçon intelligent qu'il est, il sait très bien que je n'ai pas tous les tords, il me répond "oui mais alors qu'un!" Je kiffe à nouveau, j'adore, je savoure ce petit moment de bonheur où il lâche un peu prise sur sa colère mais elle est encore un peu là dans son champ de vision.

Nous nous faisons un câlin, tous les deux, il me prend autant que je le prends...mais pas trop longtemps quand même, la rancune et la méfiance veille au loin ;)

Je sors de la chambre, en vainqueur, le sourire aux lèvres et lui dit "merci".