le liseur du 6h27
- Elisabeth Bonneau
- 1 juil. 2016
- 3 min de lecture
une nouvelle lecture avant l'été, ou plutôt une nouvelle lecture d'hiver (presque) au pied du poêle à bois....
Je me suis laissée tenter par ce livre de poche de Jean-Paul Didierlaurent ; le liseur du 6h27. Je crois que c'est le résumé qui m'a plu mais j'avoue aussi que ce ne fût pas le grand coup de cœur, j'ai un peu hésité à l'achat.
Et je peux aussi vous avouer que les premières pages ont failli me faire regretter mon choix. L'ambiance y est métal rouillé, crasse, grisaille d'une usine triste, on sent presque le souffre, on s'imagine le personnage principal, courbé sous le poids de sa petite vie monotone, en blouse grise et chaussures de sécurité usées, visage morne et regard de chien battu. Le soleil et les couleurs ne font pas tellement partis du décor. J'ai failli arrêté et puis je me suis dit que les critiques de ce livre (positifs) devaient quand même avoir pris racine dans ces pages....peut-être un peu plus loin. Alors, j'ai tourné la page, puis celle d'après...
Et puis au fil des pages, quelques portes s'ouvrent sur des personnages attachants, parfois drôles ou extravagants. Cela devient intéressant et cela redonne à son "héros" quelques couleurs, quelques souffles de vie, beaucoup d'humanité et de tendresse.
L'histoire d'un homme qui partage sa vie avec un poisson travaille dans une usine de recyclage de papier, qui, tous les soirs va dans la gueule de la machine pour extirper les pages survivantes entre les dents de la bête. Pages que cet homme, lit tous les matins à voix haute dans le RER de 6h27devant un public parfois surpris, parfois fidèle. Et un jour sous son siège du RER de 6h27, il trouve une clé...et sa vie se tourne sur une nouvelle page...
Une lecture simple qui se termine sur une belle note d'espoir.
A lire oui mais pas si vous avez envie de couleurs gaies, d'humour potache, ou de suspens.
Quelques lignes :
"Debout sur sa ligne blanche, Guylain flottait dans une demi-somnolence lorsqu'il sentit qu'on tiraillait sa manche. Il se retourna. Elles étaient arrivées sans bruit dans son dos. Deux petites grands-mères qui le mangeaient littéralement des yeux. Leurs cheveux permanentés lançaient des reflets de la même couleur que le Butterfly de Giuseppe. Les irisations violines de leur coiffure ne lui étaient pas inconnues. Il lui sembla avoir déjà aperçu ces dames dans le train à plusieurs reprises. Celle qui était le plus en retrait poussait l'autre du coude: "vas-y Monique, c'est toi qui parles."
Monique 'osait pas. Elle se triturait les mains à ne plus savoir qu'en faire, se raclait la gorge, faisait des "mais oui", des "c'est bon", des "arrête Josette u je m'en vais". Guylain eut presque envie de la rassurer, Monique, de lui dire que c'était bon, ça allait bien se passer, que c'étaient les premiers mots le plus dur, qu'après en général, ça allait tout seul, pas de raison d'avoir peur. "..." "Voilà, on voulait vous dire, on aime bien ce que vous faites.
- Ce que je fais quoi? demanda Guylain incrédule.
-Ben, quand vous lisez le matin dans le RER et tout et tout. On trouve ça bien et puis ça nous fait drôlement du bien.
- Merci, c'est très gentil mais vous savez, ce n'est pas grand chose, juste quelques pages comme ça.
- Voilà, justement, avec Josette, on aimerait vous demander quelque chose si ça ne vous gêne pas.
...."

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