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s'accrocher

Je m'accroche. Je m'accroche aux petites choses. Le bruit du vent dans les feuilles. Le goût sucré d'une nectarine bien juteuse. l'envol des oiseaux blancs au dessus de l'étang. la coiffure de mon enfant au réveil. la chaleur qui ressort du banc en granit à la nuit tombée.

Je m'accroche. Je m'accroche à ces éléments extérieurs parce que à l'intérieur, c'est le marasme. la tempête, une mer de tristesse, un océan gris. qui déborde. Est-ce qu'un jour ça va s’arrêter de déborder. Quand est-ce que la barque sera à nouveau étanche, que je ne serai plus obligée d'écoper.

Seule. Je suis seule et dans ces moments là, je ne me supporte pas. Alors, je m'isole. Ne pas faire subir aux autres, ce moi insupportable. Chercher le petit trou de souris. Se cacher, moi et ma tristesse. Accepter qu'elle me suive partout, insidieuse.

Et puis NON.

Parfois, j'ai envie de lui faire la peau!. Je voudrais que ça s'arrête. Je voudrais que ça cesse. Je voudrais en finir avec cette dépression qui est là, toujours là, encore là. Merde! Fout le camp. Va voir ailleurs. J'ai envie de la taper et donc de me taper, je voudrais qu'elle sorte une bonne fois pour toutes, je voudrais crier, mais tout est là dans la gorge, cette boule qui grossit, qui fait mal et qui m'étouffe. Sort, SORT!

mais le silence est là. ironique, me narguant. pesant. Rien. RIEN. Pas un son, tout juste un souffle, un soupir. Les cris sont sourds, seuls les yeux s'embrument. Les larmes coulent, mais juste ce qui déborde. Seulement ce qui déborde. Le reste reste. Je ravale. Encore. Encore.

Mais pourquoi, ça ne sort pas? La peur de ce qui va sortir? La peur de la violence du cri, la peur d'une violence encore plus douloureuse.

J'ai l'impression d'être deux, celle qui montre son sourire et celle qui cache son chagrin. On cohabite. Tant bien que mal. Parfois l'une voudrais faire la peau à l'autre mais on sait toutes les deux qu'on partira ensemble. Alors partir?

Et puis, un pas dans la maison puis deux paires de pieds. "maman, c'était bien le théâtre, tu sais, t'aurais dû venir..."

"oui, mais c'était complet et on était deux..."

"quoi?"

"non, rien. Alors, vas-y, racontes moi ce théâtre..."

La face chagrin s'éclipse, par politesse, la face sourire fait l'effort de revenir.

Pour eux.

Ces 2 paires de pieds que j'adore.





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