le choc des images

Je regarde très peu la télé. Et ce soir, après une journée un peu marathon, pas trop à la maison, beaucoup dehors, je profite que tout le monde soit à l'extérieur pour me poser sur le canapé, attraper la télécommande et zapper par curiosité sur les chaines.

Je tombe alors sur l'émission de Anne*Elisabeth Lemoine "c'est à vous" du samedi soir. L'émission est d'abord bon-enfant, avec autour de la table Claire Chazal et Patrick Poivre d'Arvor. Puis viens la minute d'un chroniqueur qui nous annonce une vidéo prise à Alep, ville massacrée, où un ambulancier crie face à la caméra son désespoir, un SOS au monde entier, criant qu'ils sont victimes d'un génocide et que personne ne fait rien, des hommes et des femmes sont massacrés du ciel à la vue du monde entier. Puis c'est le tour d'un petit garçon, masque à oxygène sur le visage, qui raconte qu'il regardait le ciel et que tout à coup un avion a lâché un baril avec une poudre jaune, et qu'il ne sait pas ce que sont devenus ses frères et sœurs et qui pleure en demandant "est-ce que je vais mourir?" à 8/10 ans environ. Puis un bruit, le noir complet, les gens qui s'affolent dans cet hôpital, une infirmière qui sort un bébé d'une couveuse et qui s'effondre en larme dans les bras d'une autre infirmière...

Le choc de l'horreur.

Et après ça, on nous montre une vidéo de Donald Trump, puis celle d'un jeune garçon qui imite les journaliste des JT.

Mais comment passer de l'horreur, de ces images de grandes détresses qui se passent sur cette terre, sur notre terre à tous, à juste quelques milliers de km, et à ce jeune français qui rencontre pour la première fois sur ce plateau ses idoles, les présentateurs du journal de 20h de TF1.

Moi, je n'ai pas pu. J'ai été très choquée de me savoir assise sur mon canapé devant le feu de cheminé et de voir ces images qui sont réelles, ce n'est pas un film, cela se passe vraiment. J'ai éteint la télé et j'ai craqué, oui, je me suis mise à pleurer, le cœur très serré. Révolte intérieure.

Et je me suis posée des questions. Est ce que c'est une solution de ne pas regarder la télé pour éviter de voir ce qui se passe dans le monde? Est-ce de la lâcheté? Est-ce égoïste? Est-ce que j'avais simplement oublié que le monde est parfois tellement si cruel, que même si moi dans ma petite vie je cherche à éviter les conflits, les gens négatifs, néfastes, des gens souffrent, loin ou pas si loin que cela...

A quoi sert cette révolte intérieure, en quoi peut-elle servir ces pauvres gens, ces pauvres enfants qui sont nés, vivent et meurent dans des conflits, la guerre, le bruit des bombes, les armes, les ruines et ces avions qui tournoient au dessus de leur tête. Est-ce que si tout le monde arrêtait de regarder ces images d'horreur cela donneraient moins d'importance au conflit, et donc à ceux qui les déclenchent et qui les alimentent, serait-ce un moyen de leur faire changer de stratégie pour démontrer leur pouvoir que de massacrer des êtres humains, nos frères.

Je ne sais pas quoi penser de cela. Je me suis tellement protéger depuis 1 an de ces images, des ces informations que le choc est violent. Faut-il savoir, peut-être... mais en quoi cela peut aider ses massacrés.

Ce soir les questions se bousculent et je ne trouve pas les réponses.

Toutes les images qui ont suivi ce reportage n'existe pas pour moi. Je n'ai pas réussi à passer d'un sujet si grave, à un sujet désuet. Impossible.

Ce soir, je me couche très triste, très touchée en pensant à tous ces gens qui meurent au moment où j'appuie sur les touches du clavier, tranquille au fond de mon lit, sous ma couette bien chaude, dans un bourg de campagne calme...

Quelle chance j'ai d'être en vie et de vivre dans un pays libre et, quoi qu'il en soit, sécurisé.

Une pensée pour tous ces frères...