il faut partir pour arriver quelque part

Lundi 19 décembre, une nouvelle semaine, un nouveau départ ou presque. Une page s'est tournée vendredi. Enfin. Et en même temps, même si cette étape, cette rupture était nécessaire, souhaitée, attendue, préparée, réclamée et argumentée, les départs sont toujours un peu émotifs.

Vendredi était mon dernier jour de travail. J'ai quitté mon poste dans l'après-midi, après avoir dit au revoir à mes collègues lors d'un déjeuner partagé.

J'ai déjà eu l'occasion d'en parler ici ou là, mon travail ne me satisfaisait plus du tout, je ne m'investissais plus, je n'y voyais plus d'intérêt. Je m'étais échappé de temps en temps, pour un congé maternité, pour une formation individuelle de 10 mois...mais la rupture ne se faisait pas.

Il y a eu beaucoup de "bas" et de "bassesses" au cours de ces 10 années passées, peu d'encouragement, aucune formation interne, beaucoup d'invectives encaissées, incomprises car injustifiées et gratuites.

Et puis il y a eu cette constatation d'une entreprise qui décline, sous nos yeux, des messages d'alerte auprès de la hiérarchie et le dédain comme toute réponse.

Et puis il y a eu ce diagnostic du service commercial auquel on m'a demandé de participer, moi qui suis plutôt coté technique et cette claque de constater que rien n'a été fait, étudié, projeté pour remonter la pente douce sur laquelle nous glissions objectivement...la claque de trop, celle où l'on ressent tellement de frustration et d'injustice de devoir déposer les comptes alors qu'il suffisait peut-être à certains de faire le minimum que leur fonction leur demandait.

Oh, non ne croyez pas que je suis en train de régler mes comptes. En fait, non, je leur dis même merci car tout ça m'a ouvert les yeux et m'a permis de réagir, de demander à partir. J'ai dû insister, argumenter, en toute honnêteté. Mon énergie ne trouvait plus le chemin de mon travail.

Et mon honnêteté a peut-être payé. Vendredi, mon directeur a souhaité me dire au revoir, m'a dit qu'il avait apprécié travailler avec moi, et je pense que mon honnêteté est devenue réciproque. Je le crois dans ses paroles. On peux changer et peut-être que moi-même je ne lui donnais pas l'occasion de le devenir. Je lui ai moi même souhaité, en toute sincérité, bonne chance pour ce nouveau projet qu'il met en place car il faut du courage aujourd'hui pour être chef d'entreprise.

Je suis donc partie sans aucun ressentiment, malgré...le tout.

Vendredi fut aussi l'occasion pour moi de dire au revoir à mes collègues et de constater dans les semaines qui me séparaient du départ annoncé au départ effectif, que ce n'était pas seulement des collègues mais des personnes avec qui j'avais partagé beaucoup de bons et mauvais moments. Des personnes qui m'ont souvent soutenue, ramassée, fait rire, qui ont supporté mes nuages gris et parfois noirs, mes sauts d'humeur. Quelques petits présents étaient une réponse toute relative à ces marques d'affection qu'ils m'ont témoignées dernièrement.

Mais surtout, j'ai souhaité leur dire par écrit mon attachement à chacune d'elle. Une nouveauté pour moi qui suis si pudique. Peur d'ouvrir une faille dans laquelle on pourrait se glisser pour me faire du mal...Et je me suis sentie tellement riche de ça après. Tellement riche d'avoir donné. Je ne suis pas quelqu'un de généreux, ce n'est pas ce qui me caractérise. Mais le chemin s'ouvre. Cette sensation d'avoir été remplie de ce sentiment de richesse intérieure. J'ai eu des collègues extra, nous avions des différents mais ce n'est pas ce qui restera. Elles ont été là, présentes pour moi, j'ai partagé des conversations profondes sur le travail, la famille, la vie de couple, la vie en général. Chacun avec sa vision des choses mais toujours dans le respect de la vision de l'autre.

Et même si la page se tourne et que nous ne nous rencontrerons plus tous les matins à la même heure, 5 jours sur 7. Nous nous sommes rencontrées et l'essentiel restera.

Merci à vous Christiane, Edith, Laurence. Je vous embrasse.